19 oct. 2016
Un dément, un fou qui veut devenir un ours parce que la société ne lui convient pas. Soit.
Son choix est respectable, mais sur sa mort, je préfère le silence du pilote d'avion aux pleurs de ses amis. Un voyage dans la nature sauvage d'un homme, dérangé. Passionnante exploration des ressorts psychologiques de celui qui s'échappe de la société pour se trouver une autre mission, dénuée de tout sens mais auquel il s'accroche par besoin de survie.
Ce n'est pas les grizzlys qu'il cherche à sauver, mais son âme, en se donnant une raison de vivre, n'importe laquelle, à savoir sauver la peau de l'ours.
C'est un documentaire de Werner herzog sur un illuminé, un gentil qui s'auto proclame gardien des grizzlis, protection dont n'ont nul besoin ces colosses à en écouter un expert sur place.
Non, pris d'une mission divine, Timothy Treadwell, en sait plus que tous, puisqu'il est sur le chemin de devenir cet animal qu'il chérie.
Ces petits moments devant la caméra où il replace ses cheveux au dessus de ses lunettes pour sa 4ème prise révèlent le désespoir d'un homme qui cherche à plaire, à trouver sa place, à se filmer pour se montrer en héros, en sauveur d'un peuple qui ne peut pas lui dire d'aller se faire foutre, à par grogner, voir finalement le manger.
En effet je peux aussi devenir le protecteur des manchots du monde entier, être le porte parole de ceux qui n'ont pas de voix, mais peut être que s'il pouvaient parler, ils me diraient que je suis un con et que ma place n'est pas sur la glace...
Car elle est peut être là l’explication de sa fin, un ours qui en a eu marre d'entendre cette voix nasillarde sur son territoire et a juste répondu présent à l'appel de la nature, ce simple besoin de nourriture, qu'elle soit à tête blonde ou à écailles.
En vain, il va terminer dans le ventre d'un grizzly affamé. Quête et succès ultime pour ce doux timbré et sa voie d'enfant innocent. Oh pauvre idiot, tu auras vécu heureux sans antidépresseurs.
A entendre l'enregistrement audio de ta mort, ça a du piquer de se faire croquer par la bête, mais tes cris resteront à jamais dans ma mémoire comme la voix d'un homme qu'on libère.
Entre les cris d’horreur et la jouissance d'accomplir ce pourquoi il a vécu.
Mais il y'a aussi là les animaux eux mêmes et leur indifférence vis à vis de cet homme dont ils n'avaient nullement besoin, cet imbécile heureux qu'ils ont accueillit assez longtemps sur leur territoire pour finalement s'en nourrir.
Herzog de conclure : "…dans leurs visages, il n'y a pas de reconnaissance, de lien ou de compréhension. Aucune pitié."
Pas de pitié pour cet humain présent sur la chaîne alimentaire empruntée par le grizzly l'ayant dévoré. Lui qui voyait en l’ours le salut, n'était pour eux qu'un simple morceaux de viande blonde.
Mourir et renaître en ours, Avoir vécu heureux et imbécile.